Le moteur export de l'économie française continue de toussoter. En novembre 2013, les exportations se sont nettement contractées, tombant à leur plus bas niveau de l'année, à 35,6 milliards d'euros, soit une baisse de 2,1 % par rapport au mois précédent, selon les chiffres des Douanes publiées jeudi 9 décembre. Comme dans le même temps, les importations ont très légèrement progressé (+0,2 %) à 41,2 milliards d'euros, le déficit commercial s'est creusé d'un mois sur l'autre, passant de 4,8 milliards d'euros en octobre à 5,7 milliards d'euros en novembre. Sur les onze premiers mois de 2013, la balance commerciale affiche un « trou » de 56,2 milliards d'euros.
Les Douanes avancent plusieurs éléments pour expliquer ce recul des exportations en novembre. « Très élevées en octobre, les exportations de matériel de guerre et d'œuvres d'art sont toutes deux en repli en novembre. Ces reflux s'ajoutent à la contraction des ventes aéronautiques, navales, et de machines industrielles », indique un communiqué.
Au-delà des chiffres mensuels, la direction du Trésor vient de publier une étude qui éclaire d'un jour nouveau les difficultés de la France à l'export. S'intéressant aux économies avancées, les auteurs ont construit un indicateur classant les pays « selon leur degré de sensibilité-prix de leurs exportations ». Cette méthode permet « de rendre compte du positionnement sectoriel relatif des exportateurs, tout en les différenciant selon leur niveau de gamme » indique l'étude.
POSITION MÉDIANE
Selon le classement établi par Bercy, les pays dont les exportations sont les moins vulnérables aux variations de prix sont la Suisse, le Japon, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Tandis qu'au contraire les pays du sud de la zone euro (Espagne, Grèce et Portugal) y sont très sensibles. La France et les Etats-Unis, se situant eux au milieu du tableau. Cette position médiane fait que la France est exposée à la concurrence à la fois sur les prix et sur le hors prix (qualité, design, innovation, service après-vente, image de marque, etc.)
« Le positionnement hors prix de la France s'avère médian par rapport aux principaux pays développés. Les résultats obtenus contribuent en partie à expliquer la faiblesse des performances à l'exportation de la France sur la décennie 2000 (en comparaison avec l'Allemagne notamment) », écrivent les spécialistes du Trésor. Plus précisément, sur la première décennie des années 2000, la France a « doublé son excédent » sur les marchandises à très forte valeur ajoutée, que sont par exemple les avions, les trains, les métaux précieux, les appareils médicaux de pointe, les équipements de centrales électriques et les produits des industries chimiques. Mais ce mouvement n'a pas été suffisant pour compenser les pertes accusées par la France sur des produits dont les ventes sont très corrélées au prix : vêtements, meubles, matières premières...
L'étude conclut sur l'idée que contrairement à l'Allemagne, qui a tout misé sur l'exportation de produits de niche et à très forte valeur ajoutée, relativement protégés d'une concurrence qui jouerait seulement sur les prix, la France reste très sensible à une compétition qui joue avant tout sur les étiquettes, et ce bien qu'elle soit « relativement bien positionnée » lorsqu'il s'agit de vendre ses « produits de haute technologie ». Les auteurs préconisent donc une action de politique économique qui joueraient sur les deux tableaux, les prix et le « hors prix ».
- Anne Eveno
Journaliste au Monde